Dans le cadre de la création d’une Société Civile Immobilière (SCI), un apport au capital est de mise. Cette démarche peut également s’opérer lors d’une augmentation de capital. Dans tous les cas, les associés de la SCI ont deux options. Soit ils réalisent un apport en numéraire (somme d’argent), soit ils procèdent à un apport en nature (immeuble, matériel…). Dès lors, si la première option est une procédure facile à accomplir, ce n’est pas le cas pour la seconde option, notamment, s’il s’agit d’apporter un bien immobilier. Cet article fait d’ailleurs toute la lumière sur ce type d’apport en SCI.
Apport d’un bien immobilier à une SCI : le principe
Que ce soit dans le cadre d’une création d’entreprise ou d’une augmentation de capital, l’apport d’un bien immobilier est tout à fait possible en SCI. En effet, ce montage juridique a pour objet principal la gestion et le développement d’un patrimoine immobilier. L’associé peut ainsi apporter au capital de la société n’importe quel type de bien immobilier : immeuble, terrain, maison ou appartement. Ce transfert peut alors prendre plusieurs formes.
Apport en pleine propriété d’un bien immobilier à une SCI
En général, l’apport d’un bien immobilier s’effectue en pleine propriété au profit de la structure. Autrement dit, la SCI acquiert la propriété juridique du bien apporté et peut en disposer comme bon lui semble. Dans ce cas, rien ne l’empêche de le louer au titre d’un contrat de location :
- Bail commercial
- Contrat de location saisonnière
- Bail d’habitation
- Contrat de location de parking
Mais encore, puisque le droit de propriété du bien immobilier est transféré à la société qui en devient pleinement propriétaire, tous les risques inhérents à la conservation de ce bien lui sont aussi transmis. Dès lors, si le crédit immobilier qui a servi par exemple à l’acquisition du bien est encore en cours de remboursement, cet emprunt est transmis à la SCI. Effectivement, l’apport d’un bien immobilier peut être consenti à titre :
- Pur et simple, c’est-à-dire net de tout passif
- Onéreux, en d’autres termes, avec passif
Quoi qu’il en soit, l’associé apporteur en nature se doit d’offrir à la société les garanties nécessaires quant à l’état du bien. Dans cette optique, il est tenu de garantir les vices cachés y afférents. En plus, il doit s’assurer que la SCI prenne effectivement et légalement possession du bien immobilier apporté.
Apport des droits démembrés d’un bien immobilier en SCI
Outre l’apport en pleine propriété, les associés d’une SCI ont également la possibilité de réaliser un apport de droit démembré. Ainsi, dans le cadre d’un démembrement, ils ne transfèrent que les attributs du droit de propriété. À savoir l’usufruit et la nue-propriété.
Dans le cas d’un apport en usufruit, la société a donc le droit d’utiliser le bien immobilier apporté. De même, elle perçoit les bénéfices qu’il génère comme les loyers. Par contre, dans le cas d’un apport en nue-propriété, l’associé conserve l’usus et le fructus relatifs à son apport. Par conséquent, l’entreprise n’a en aucune façon le droit d’user du bien apporté. Elle peut encore moins prétendre aux revenus que ce dernier engendre.
Quelle est la marche à suivre pour apporter un bien immobilier à une SCI ?
Apporter un bien immobilier à une SCI implique le respect d’un certain formalisme. Ainsi, pour s’assurer que cette opération soit juridiquement valable, les formalités suivantes sont à ne pas négliger.
Évaluer le bien immobilier apporté
Comme dans toute société, lorsque l’apport au capital est un bien immobilier, il convient d’estimer sa valeur. Dès lors, l’associé apporteur en nature peut parfaitement bien procéder lui-même à cette évaluation. Il doit se concerter pour cela avec les autres associés de la société. Néanmoins, il est fortement recommandé de solliciter les services d’un commissaire aux apports pour la réalisation de cette estimation. En effet, en cas de surestimation de la valeur de l’apport, la responsabilité du gérant se voit engagée. Un réajustement des parts sociales peut en plus s’avérer indispensable. Aussi, pour éviter ces situations et tout litige ultérieur entre les associés, faire appel à ce professionnel est de rigueur. Et ce, même si son intervention se révèle facultative pour les SCI.
Attention ! Si l’apport d’un bien immobilier s’opère au moment de la création de la SCI, il doit faire l’objet d’un constat par acte authentique devant un notaire.
Procéder à la purge du droit de préemption
Avant d’apporter un bien immobilier à une SCI, il importe de vérifier qu’un droit de préemption ne s’applique pas. Il s’agit d’un droit qui autorise une collectivité (commune, département…) à acquérir en priorité un immeuble, terrain… mis en vente sur son territoire. Si ce droit de priorité est appliqué dans la zone géographique où se trouve le bien à céder, une purge est nécessaire. Pour ce faire, il suffit d’envoyer une déclaration d’intention d’aliéner (DIA) à l’autorité compétente. Celle-ci a alors 2 mois, à compter de la réception de la déclaration, pour faire connaitre ses intentions. En l’absence de toute réponse pendant ce laps de temps, la collectivité est réputée avoir renoncé à son droit de préemption.
Réaliser la formalité de publicité foncière
Un tel apport en nature doit aussi faire l’objet d’une publication auprès du service de publicité foncière compétent. Cette formalité de publicité garantit en effet la validité de cet apport et son opposabilité aux tiers. Le non-respect de cette démarche peut d’ailleurs mettre en cause la responsabilité du gérant de la SCI.
À noter que si l’apport entre dans le cadre d’une création d’entreprise, cette formalité de publicité doit s’opérer avant l’immatriculation de la SCI, mais après la signature des statuts définitifs par les associés.
Régler la plus-value immobilière et le droit d’enregistrement
Considéré comme une cession immobilière, l’apport d’un bien immobilier à une SCI donne lieu au paiement d’une plus-value. Mais uniquement s’il existe une différence entre le prix d’acquisition du bien apporté et la valeur des parts sociales attribuées. Si une plus-value immobilière est constatée, c’est le régime de l’imposition des plus-values des particuliers qui s’applique. L’associé est ainsi imposé à un taux forfaitaire de 19 %. Il incombe en tout cas de confier le calcul du montant de la plus-value et de l’impôt à un notaire.
Un droit d’enregistrement de 5 % est également à régler si :
- Dans une SCI assujettie à l’impôt sur le revenu (transparence fiscale), l’associé effectue un apport à titre onéreux
- La SCI est soumise à l’impôt sur les sociétés
Bon à savoir
En ce qui concerne le règlement de la plus-value immobilière, l’associé apporteur en nature peut bénéficier d’une exonération s’il remplit les conditions d’éligibilité.